Il est difficile de s’imaginer que la fin est déjà si proche !
Les quelques dernières centaines de kilomètres avant d’atteindre Bluff et l’Océan recèlent encore de bien belles pépites ! Des forêts de boues dans lesquelles les « flaques » peuvent prendre des allures de trous sans fond dans lesquelles tu peux littéralement t’enfoncer jusqu à la taille, des terres agricoles infinies, le retour sur la plage et la joie de traverser des estuaires en courant pour ne pas rencontrer la marée.
L’étrangeté peut être réside dans l amnésie partielle de tout cela, pour ne garder que le souvenir du plaisir, de l intense plaisir, que m’a apporté cette marche. Les douleurs s’évaporent, et reste gravée l’image de ces bourrasques au sommet des cols depuis lesquels on aperçoit l océan. La joie simple et infini de trouver une cabane avec un beau stock de bois signifiant « ce soir il fera bon et il y aura du pain chaud sur la table ». La curiosité lorsque du bruit se fait entendre sur le perron, et que l’on sait que quelqu’un d’autre vient d’arriver, du nord, du sud, ou d’ailleurs, mais en tout cas de la forêt, et que comme toi, il sera sans doute content de voir le feu déjà prêt et l’occasion de partager quelques anecdotes.
Un drôle de sentiment arrive lorsque tu te rapproches de Bluff, un lent crescendo. Puis l apparition de ce panneau en forme de ligne d arrivée, et ce sentiment vraiment étrange, nouveau, comme si tu venais de recevoir un cadeau qui te fait plaisir, mais tu ne comprends pas trop ce que c’est.
Et puis une phrase se formule. Une phrase qui semble sortie de tout contexte, presque absurde. Une phrase de l’ordre de « des fois je traverse des pays à pied si m’en vient l envie ».
Il y a comme une envie de larme de fierté, mais elle semble presque impudique, et sonner faux, parce que ce sentiment tu le connais déjà en faite, un peu comme celui de la première virée à vélo sans petite roulette, de la première minute en apnée, de la première fois que tu arrives à faire bouger tes lobes d oreilles en te concentrant. Bref, toi et tout ton corps le sait, tu viens de recevoir un truc nouveau, une nouvelle compétence, et les limites de ton champs de possibilités viennent d’exploser dans un gros boom.
Dorénavant 100 kilomètres pourra se convertir en « 5 jours de nourriture pour la jouer hyper large et en sécurité », et l idée de traverser 1000 km a pied se traduit en « wooaaa génial, trop bien ».
C’est ce genre de journée où de nouvelles couleurs s’ajoutent à ta palette pour d’écrire l’existence. C’est ce jour de journée où tu reçois un cadeau dont tu ne connaissais même pas l existence. C’est ce genre de journée ou tu reçois la réponse à ta question alors que tu ne savais même pas comment la formuler. Le truc dont tu avais besoin sans même vraiment le savoir.
Bref c est une journée ou tu te sens bien, même vraiment super bien. Je crois que quoi que soit ce que j étais venu chercher, je viens de trouver quelque chose qui m’importe ici, et pour ça, un grand merci infini !
La redondance avec les forêts et les plages du Northland est notable dans ce grand Sud. A tel point qu’on s amuse à y voir des pattern de répétitions d’habitats à l échelle de milliers de kilomètres. Il est drôle de s’imaginer partager ce genre de considération avec les cerfs et autres oiseaux du coin. Les images du grand retour sont ainsi par ici :
Et les marqueurs du grand retour de l’horopito et de ses copines fougères par ici :
https://drive.google.com/file/d/1ZzYWVCLq2MPwYxkrLVFccbeE-5a3b9ao/view?usp=drivesdk
A très bientôt à tous sur les sentiers ici ou ailleurs ! Prochaine destination, la Réunion, et la suite de l aventure !!